IDRAC Research Lab

L’aspiration à la justice et à l’égalité est de plus en plus largement partagée au sein des sociétés humaines et peut même être considérée comme un trait constitutif de la « Modernité ». Ces deux principes sont aujourd’hui au fondement de la plupart des groupes, des organisations et des institutions, ce qui ne signifie pas qu’ils soient effectifs. L’essentiel n’est pas tant que les inégalités ou les entorses au principe de Justice se soient accrues (ou pas), mais de constater qu’elles semblent de plus en plus intolérables. La sensibilité à ces enjeux est elle-même évolutive. Du début du XIXème siècle jusqu’à la fin des « trente glorieuses », la « question sociale » a ainsi constitué la préoccupation majeure des sociétés industrielles, ce qui a permis de réguler les inégalités et les injustices inscrites dans la sphère du travail. L’avènement d’une ère postindustrielle voit l’émergence d’une multitude d’autres enjeux, que l’on qualifie souvent « de société ». La question du racisme, du féminisme, du respect des « minorités » et de la reconnaissance de tous ceux qui se revendiquent d’une identité collective ou individuelle particulière deviennent alors centrales. Les inégalités au travail n’ont évidemment pas disparues, mais elles sont l’un des sujets, parmi beaucoup d’autres, dont les sociétés contemporaines débattent. Parallèlement, la préservation des ressources naturelles est en train de devenir « la » cause planétaire autour de laquelle l’humanité tente de s’orienter pour léguer aux générations futures un monde vivable. 

Tous ces sujets concentrent l’attention de notre corps professoral, dans un contexte ponctué depuis près d’un demi-siècle par une succession de « crises », qu’elles soient pétrolières, financières, économiques, écologiques, morales ou sanitaires, qui à chaque fois pose la question de la pertinence des réponses apportées par les « décideurs » et, plus largement, de la capacité de résilience du tissu social. Certains de nos enseignants chercheurs ont travaillé plus spécifiquement sur la reproduction des inégalités de genre en France, notamment dans les entreprises, sur l’impact du mouvement #BalanceTonPorc auprès de femmes victimes de harcèlement au travail, ou encore sur l’impact des facteurs de la diversité entrepreneuriale (genre, compétence et expérience, différences liées à l’origine) sur la performance des entreprises. D’autres se sont penchés sur les défis que pose la durabilité, considérée comme la satisfaction des besoins des générations actuelles sans compromettre ceux des générations futures. Ils ont étudié des sujets aussi divers que l’effet de la mondialisation commerciale et financière sur les émissions de CO2 des pays MENA, mais aussi le développement du mouvement « slow food » ou du « slow tourism », en interrogeant leur capacité à devenir respectivement un mode alternatif à la gastronomie et au tourisme de masse.

Le rapport au travail, aux organisations et à la société dans son ensemble est aujourd’hui fortement impacté par les demandes d’autonomie, d’expressivité et d’épanouissement d’un nombre croissant d’individus. Les générations montantes, notamment, sont dans l’ensemble moins attachées aux logiques de carrière et sont plutôt à la recherche d’une activité professionnelle qui n’a pas uniquement vocation à répondre à leurs besoins économiques, mais qui doit aussi leur permettre de satisfaire leurs désirs et de répondre à leurs valeurs ou à leurs aspirations personnelles. La posture de réflexivité critique dont elles font souvent preuve - qui est l’une des caractéristiques de l’époque contemporaine - de même que la flexibilité, l’adaptativité ou la liberté qu’elles revendiquent, se traduisent par un rapport beaucoup plus fluide, intermittent voire instrumental à la sphère du travail. La tendance a sans doute été accentuée par la pandémie du COVID-19 et le recours au télétravail qui permet raisonnablement d’envisager une dématérialisation des organisations. Les logiques traditionnelles d’appartenance, la relation à l’ordre ou à la hiérarchie s’en trouvent bouleversées et impactent directement le fonctionnement des entreprises.

L’IDRAC Business School s’est depuis longtemps penchée sur ces différents phénomènes et leurs conséquences sur les formes d’organisation. Le télétravail s’est ainsi durablement développé, permettant aux employés de réaliser une partie au moins de leurs missions en dehors du lieu de travail habituel, mais aussi le « flex office », qui a pu être présenté comme une des réponses possibles à l’optimisation financière des espaces de bureaux, au portage salarial et à la semaine de 4 jours. Pour chacun de ces dispositifs, nos enseignants chercheurs ont apporté des éléments d’analyse circonstanciés, soulignant à la fois leurs avantages et leurs limites. Ils se sont également intéressés au succès des espaces de coworking, à leurs logiques de mobilités spatiales sous-jacentes, ou à la gestion du « Bring your own device » et à ses implications managériales. Dans certains secteurs, la volonté de participation et d’émancipation que manifestent de plus en plus de salariés suggèrent la nécessité d’une adaptation et d’un renouvellement des méthodes de management, bien plus que leur effacement. Le modèle de « l’entreprise libérée », auquel nous avons consacré plusieurs recherches, a été conçu en ce sens comme un moyen de répondre à de nouvelles attentes et de permettre à certains employés de s’autocontrôler et de trouver leur propre direction. Certains de nos enseignants chercheurs ont également étudié l’engagement associatif bénévole, le développement de l’entrepreneuriat social ou l’institutionnalisation de l’économie sociale et solidaire en France et en Europe, autant de sujets qui invitent à repenser la place des individus au sein des organisations et le sens qu’ils donnent à leurs activités. Ces analyses ont des implications extrêmement stimulantes sur la question clef du (lien entre) bien-être et de la performance. 

La célèbre formule d’Edgar Morin, pour qui « la pensée complexe, loin de substituer l’idée du désordre à celle d’ordre, vise à mettre en dialogue l’ordre, le désordre et l’organisation » a inspiré de nombreux enseignants chercheurs de l’IDRAC Business School.

Dans un monde de plus en plus incertain, où crises après crises l’impensable devient réalité - qui aurait pu anticiper le Brexit, la guerre en Ukraine ou la pandémie du COVID-19 ? - la gestion des risques et la prise en compte de la complexité du monde constituent des enjeux majeurs qui sont à la fois des contraintes mais aussi parfois des opportunités, que ce soit pour les individus, les organisations ou les pays. Pour les entreprises notamment, les défis sont immenses : concurrence, régulation, changements technologiques, versatilité de la demande, etc. : il est plus que jamais essentiel de tenter d’anticiper une multitude d’évolutions concomitantes. A cet égard, les analyses du BM que nous avons mené sur plusieurs terrains différents montrent que les entreprises qui tirent le mieux leur épingle du jeu sont souvent celles qui ont su analyser leur environnement le plus finement possible pour créer un écosystème spécifique, adapté à leurs ressources et leurs forces.

Forts de leur expertise, nos enseignants-chercheurs se sont notamment attachés à comprendre les stratégies d’adaptation des pharmacies d’officine indépendantes en Belgique, France et Italie, dans un contexte de plus en plus concurrentiel marqué dans certains pays par l’apparition de « supermarchés du médicament ». En France et à l’étranger, ils ont également étudié dans plusieurs secteurs les enjeux de la mutation vers une distribution omnicanal, le lien entre de bonnes pratiques de gouvernance et la gestion du risque pour de grandes entreprises côtés en bourse, ou encore l’influence de la gouvernance des institutions de microfinance sur la stabilité des systèmes bancaires et la qualité de leurs services. Leurs analyses ont aussi porté sur la relation entre la performance environnementale d’une entreprise et son risque systématique, l’effet des variations du prix du Bitcoin sur le marché pétrolier, l’impact du risque politique sur la probabilité et les conditions de rachat d’une entreprise, ou encore l’analyse de la culture du risque des banques en Tunisie.

L’innovation est une notion fondamentale pour penser l’économie et l’adaptation des sociétés à des projets de développement de plus en plus rapides et incertains. Elle est évidemment essentielle à la compétitivité et à la pérennité des entreprises mais aussi au niveau et à la qualité de vie des individus. Classiquement, l’innovation a été pensée comme une variable stratégique ayant vocation à améliorer les produits et les process. Elle est toujours plus ou moins en lien avec des pratiques, qu’il faut tenter de comprendre, d’anticiper voire de susciter. En ce sens, elle entre en résonnance avec des enjeux psychologiques, cognitifs ou culturels. La question de l’innovation est donc particulièrement complexe, à un moment où les paradigmes fondamentaux sur lesquels sont fondés les économies des pays développés - la croissance, l’exploitation quasi-illimitée des ressources naturelles et l’accumulation de richesses matérielles - sont remis en cause. Si pendant longtemps l’innovation a été presque exclusivement conçue comme un levier visant à générer un avantage concurrentiel, elle s’entend aujourd’hui dans une acception beaucoup plus large et diffuse, qui intègre par exemple des préoccupations formulées en termes de bien-être, de frugalité, d’inclusion, de solidarité ou encore d’équité. Le concept même « d’innovation », la signification donc la valeur qu’on lui accorde s’en trouvent bouleversés.

Conscients de l’importance de ces enjeux, les enseignants-chercheurs d’IDRAC Business School ont multiplié les investigations dans des domaines d’activités différents. Ils se sont notamment intéressés à l’économie sociale et solidaire en France et dans d’autres pays étrangers, à la réflexion critique que ses promoteurs portent souvent sur l’économie traditionnelle et par voie de conséquence aux nouvelles idées et pratiques dont le secteur est porteur. Le rôle des plateformes de partage des connaissances pour accroitre le potentiel d’innovation d’une organisation, la manière dont des processus d’innovation collaboratives se construisent sur les réseaux sociaux, ou encore l’utilisation que font des dirigeants d’entreprises de ces mêmes réseaux pour contribuer à la durabilité environnementale et à la responsabilité sociale ont également fait l’objet de nombreux travaux.

La perception de l’innovation par les consommateurs représente un autre enjeu crucial. Plusieurs études ont ainsi été consacrées aux préférences et aux choix de consommation des préadolescents sur Internet, à la façon dont les générations Y et Z utilisaient (ou pas) certains réseaux sociaux comme source d’information, ou encore à l’impact des outils digitaux sur l’évaluation de certains produits et l’intention d’achat.

La Chaire FIDUCIAL est le fruit d’un partenariat historique avec l’entreprise éponyme, initié au début des années 2000. Elle a vocation à analyser les facteurs clés de réussite des TPE en Europe. Plutôt que de théoriser sur le sujet, l’objectif est de mener une pluralité d’études, de préférence dans une perspective comparative, pour comprendre comment ces entreprises s’adaptent et se développent dans un contexte marqué depuis au moins 2008 par le caractère cumulatif des crises (financières, économiques, sanitaires, etc.).

Trois enjeux principaux sont investigués. D’abord celui de l’agilité : les TPE n’ayant généralement ni les effectifs ni les ressources logistiques et financières pour anticiper seules les évolutions du marché, la question de leurs partenariats et des activités qu’elles vont réaliser elles-mêmes revêt une importance cruciale. Ensuite, celui de l’écosystème : la décision de collaborer avec un ensemble d’acteurs et d’institutions qui interagissent, en particulier au niveau local, est souvent déterminante dans la réussite des TPE. Enfin, celui du mode de gouvernance : le bon fonctionnement de l’organisation et la qualité de son système décisionnel sont en effet des prérequis pour effectuer les choix stratégiques adéquats.

Dans le cadre de la Chaire FIDUCIAL, une importante étude menée auprès d’une centaine de pharmaciens d’officine dans trois pays de l’Union Européenne a ainsi permis de mieux comprendre les bouleversements d’un métier aujourd’hui plus que jamais au cœur des politiques de santé nationales.

Face à l’urgence des défis climatiques et environnementaux contemporains, l'IDRAC Business School a décidé de lancer une chaire sur les business models régénératifs. Son ambition est de provoquer et d’accompagner une bascule nécessaire des entreprises vers l’économie régénérative. L’IET, école de l’environnement et du développement durable du réseau Compétences & Développement, partage cette ambition et est aussi partie prenante de cette chaire.

Les activités de la Chaire s’articulent autour de trois registres majeurs : participer à l’accélération de la transition écologique des entreprises, conduire des recherches sur les questions liées à la mise en œuvre des business models régénératifs, et enfin, former des managers responsables, capables d’accompagner cette transition au sein des entreprises de nos territoires.

Pour réaliser ces objectifs, la Chaire « Regenerative Business models » s’appuie sur trois piliers : premièrement, l’engagement de l'IDRAC Business School dans le domaine de la Responsabilité Sociale des Entreprises ; deuxièmement, l’expertise des enseignants-chercheurs de l’école en matière de business models et de responsabilité sociale ; et troisièmement, un partenariat actif avec une association d’intérêt général, la Convention des Entreprises pour le Climat, au sein duquel se déploient des projets de recherche et d’innovation pédagogique.

The core objectives of the Chair in Entrepreneurship and Disabilities are for business and social organisations, entrepreneurs, and scholars of business and management to:

1) Engage and collaborate with entrepreneurs with disabilities who possess characteristics and attributes that may address ongoing organisational needs, such as for novel, creative approaches in solving persistent management issues

2) Understand how organisations may be able to launch successful ventures without the typical experience of failure when bringing new ventures to the market.

These objectives are based on learning how entrepreneurs with disabilities have been able to create economic and social value from their ventures with few external resources.

For entrepreneurship scholars, the promise of this Chair is in building knowledge of opportunity creation by revealing the processes in which entrepreneurs with severe physical and/or cognitive disabilities have been able to create or discover entrepreneurial opportunities because of their disabilities. Accordingly, the overarching questions of the Chair are, firstly, in exploring how the disabilities of entrepreneurs may relate to their creativity, and secondly, in investigating whether, and in what ways, the experience of sudden or lifelong disability may 'trigger' the creation of certain types of opportunities with high economic and/or social value.

A direct consequence of the research under the Chair would be to generate immediate opportunities for organizations to employ disabled people with particular skills and attributes that may be drawn on to create economic and social value.